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Les coulisses de la visite du Sarkozy en Libye et sa condamnation [fr]

Ali Chendeb

Traduction: Asil Yakhni

Après avoir rendu visite au défunt dirigeant de la Libye Mouammar Kadhadi, Cécilia Sarkozy, l’épouse du président français, avec le personnel des infirmières bulgares et le médecin palestinien, qui ont été condamnés en Libye pour avoir inoculé le virus du Sida aux enfants de Benghazi, ont quitté Tripoli le mardi 24/07/2007. Ce jour-là, le président bulgare Georgi Parvanov a accordé sa grâce aux soignants. Contrairement à l’accord de coopération conclu entre la Libye et la Bulgarie, les infirmières ont été accueillies avec une hospitalité télévisée et provocante qui a embarrassé et affligé Kadhafi et les familles des victimes des enfants atteints du sida.

Le président français Nicolas Sarkozy est arrivé, le lendemain en fin d’après-midi, à l’aéroport Amitiga et a été reçu par un membre de la direction libyenne, Mustafa Al-Kharroubi, le Premier Ministre Al-Baghdadi Al-Mahmoudi, le grand argentier de Kadhafi Bashir Saleh, le chef du protocole Nuri Al-Mismari et un groupe de dirigeants populaires et sociaux.

La France et la Libye ont conclu plusieurs accords de coopération au cours de ce voyage au palais de Bab Aziziya, siège de Kadhafi, à Tripoli. Ces accords de coopération ont inclus la fourniture par la France d’un réacteur nucléaire pour une usine de dessalement de l’eau de mer. Les 2 parties ont noué des partenariats industriels et militaires, des contrats pétroliers et gaziers, en plus de l’immigration illégale, et ont discuté du projet «Union pour la Méditerrané» lancé par Sarkozy et écarté une fois par la chancelière allemande Angela Merkel pour des raisons liées à la gestion européenne ; et une autre par le dirigeant libyen, Mouammar Kadhafi, qui était contre l’adhésion d’Israël à l’Union Sarkozy.

Tout ce qui est susmentionné était couvert et publié par les médias. La première apparition officielle de Sarkozy à l’extérieur après son investiture comme président de la République française n’était pas discrète. Mais qu’en est-il des coulisses de cette visite, dont j’ai témoigné certains de ses détails de près, et j’ai appris certains d’autres après avoir lancé mon livre «Kadhafi parle .. les secrets de la gouvernance, de la guerre et de la révolution» en 2012 ?

Voici les coulisses de cette visite que je dévoile pour la première fois.

Dès son arrivée, et après sa réception officielle à l’aéroport, le convoi du président français s’est dirigé vers l’hôtel «Corinthia Bab Africa».  Sarkozy a décidé de prendre avant tout une pause dans un café dans le hall de l’hôtel. Là-bas, Il fut pris par une femme brésilienne -qui travaillait dans le club de sport de l’hôtel- en train de siroter un café. Il la dévisageait pendant 28 minutes tout en passant des appels téléphoniques. Puis il a commencé à faire des vas-et vient devant sa table, lui souriait essayant de la flatter d’une manière qui n’était pas digne de son statut.  Or, la brésilienne était indifférente, clouée devant l’écran, qui diffusait en direct des images de l’arrivée de Sarkozy. Une fois, elle a réalisé que c’était le président lui-même entrain de la complimenter, elle s’est levée, lui a soufflé au visage et a quitté le café. Puis, le président Sarkozy s’est tourné vers la foule des diplomates de l’ambassade de France rassemblée autour de lui, a prononcé une brève allocution aux journalistes qui l’accompagnaient, et est monté dans sa suite présidentielle au 26e étage.

Le lendemain, jeudi 26 juillet, Sarkozy s’est réveillé à 6 :30 le matin, et est sorti pour marcher, demandant à ses gardes de ne pas l’accompagner. Mais l’équipe de «sécurité personnelle» libyenne a insisté de le suivre pour des raisons sécuritaires. Ils l’ont accompagné tout au long de la distance de marche, commençant par l’hôtel Coronthia vers la «route de Shatt» jusqu’à la proximité du «pont Abu Sitta», qui mesure environ 4 km. Dès son retour à l’hôtel, il s’est baigné, et s’est préparé pour la visite attendue du ministre libyen des Affaires étrangères, Abdul Rahman Shalgam, et du directeur des protocoles, Nuri Al-Mismari pour aller ensemble à «Bab Al-Aziziya» et rencontrer le colonel Kadhafi à l’heure prévue, 9h30 le matin.  Cependant, les deux politiciens étaient en retard et ne sont pas venus le voir.

Sarkozy est allé ensuite dans le hall de l’hôtel, où Shalgam l’attendait devant la porte de l’ascenseur. Il a tendu sa main pour le saluer, mais Sarkozy a réagi avec telle indifférence et froideur que le ministre a été embarrassé et choqué.  Il était sur le point de l’informer que Kadhafi avait décidé de reporter la réunion à une date ultérieure, parce qu’il était préoccupé avec des délégations africaines. Shalgam, qui était sous un choc témoigné par des journalistes et quelques gardes du corps, a notifié le directeur de protocole de la présidence française du report de la rencontre.

Musa Kousa, qui était chef du service de sécurité extérieure à l’époque puis le successeur de Shalgam au poste du ministre des Affaires étrangères et qui a plus tard fui le régime de Kadhafi en 2011 pour s’installer au Qatar, est arrivé et a parlé avec Shalgam en privé. Le directeur du protocole français les a interrompus pour les informer que Sarkozy était gêné et dérangé et il s’est vu en train d’enlever sa veste. Kousa approcha Sarkozy, qui portait sa veste avec ses doigts faisant semblant de vouloir la mettre sur son épaule, mais, agacé, il l’a jetée sur lui. Kousa tendit sa main pour saluer Sarkozy ; pourtant, ce dernier resta indifférent.

C’étaient des moments provocatifs vécus lors de la célébration troublante passée à l’aéroport de Sofia en Bulgarie, cet Etat soutenu par la Bretagne et l’Union européenne, deux jours plus tôt à l’occasion de la libération des infirmières bulgares. C’était la célébration provocative que souhaitait le Bédouin libyen. C’était au coude à coude que l’aéroport d’Amitiga a organisé une célébration triomphante télévisée qui marquait la libération de Abdel Baset Al-Megrahi, le seul condamné pour l’attentat de Lockerbie et qui pourrait être réhabilité à titre posthume, après que la cour Écossaise ait accepté de réviser sa condamnation de nouveau et reculpabiliser Iran.

C’étaient des moments provocatifs pendant lesquels Sarkozy semblait extrêmement furieux et irrité. Il n’a pas pu cacher sa colère et son mécontentement face à la manipulation de Kadhafi sur lui ; lui, le Président de la République française, qui se dote d’un droit de véto international. Sarkozy a commencé alors à transpirer au point qu’il avait mouillé sa chemise, et puis l’équipe de protection libyenne lui a donné une serviette blanche qu’il enroula sur sa main comme s’il était dans un ring de boxe.

Ensuite, Il a demandé à faire le tour de Tripoli. Toutefois, l’équipe de protection libyenne a refusé la demande car elle nécessitait une coordination de sécurité élevée, et des dispositions logistiques spéciales, non disponibles à ce temps-là, et elle ne faisait pas partie du programme de visite. Ce refus a absolument aggravé la situation du président Sarkozy qui était à bout des nerfs.

Sarkozy n’a pas obéi aux instructions du personnel de sécurité et a décidé de combattre des taureaux dans un pays où le mot suprême est au chamelier. Les chameaux, comme le confirment les Bédouins du désert, ne trahissent pas leur chamelier, ils endurent toute injustice mais se vengent éventuellement. Bref, revenons à nos moutons, Sarkozy a surpris l’équipe libyenne chargée de le protéger en décidant de se promener à pieds dans les rues de la ville. Il est sorti de l’hôtel et dans ses yeux se lisait une colère intense qui ne s’est pas calmée tout au long des 500 mètres traversés jusqu’à la mosquée Bourguiba près de la citadelle de Tripoli, et au cours desquels il a tenté à plusieurs reprises de créer des problèmes avec les piétons dans la rue dans le but d’embarrasser les dirigeants libyens et de les tenir responsables de sa sécurité.

De retour à l’hôtel, Sarkozy a trébuché et aurait failli tomber par terre si l’agent de protection libyenne ne l’avait pas rattrapé. Le président français non seulement l’a remercié avec un sourire froid et un geste déplaisant de sa main, mais il l’a craché au visage ! Puis il est entré dans le hall de l’hôtel, s’est assis dans le café de Tripoli, a commandé une tasse de café et a passé des appels téléphoniques pendant 11 minutes, tandis que ses yeux fouillaient les coins du café à la recherche du brésilienne qui était absente. Enfin, il a bu des verres d’eau et est monté dans sa suite composée de 3 chambres, d’une salle à manger, d’une salle de réception et d’une salle d’attente.

Deux heures plus tard, Abdel-Rahman Shalgam et Moussa Kousa sont entrés dans la suite de Sarkozy, où ils ont rencontré le directeur du protocole français. Shalgam lui a dit que la date de l’entretien était «maintenant». Le directeur du protocole a répondu que le président Sarkozy était crispé et avait besoin de temps pour se préparer. Ensuite, le grand argentier de Kadhafi et l’ami de Sarkozy, Bashir Saleh, les a rejoints. Shalgam s’est mis à lui expliquer que Sarkozy et le directeur du protocole français étaient déçus par la décision soudaine du report de la rencontre sans se référer à eux. Bashir Saleh entra dans la chambre de Sarkozy avec son sourire doux, et lui disait que c’était le temps de voir le colonel Kadhafi. Dans un message africain bourré de connotations stratégiques, Saleh (qui a la peau sombre africaine) a également déclaré à Sarkozy que Kadhafi était occupé avec plusieurs dirigeants africains, et que si la date ne lui convenait pas, il se mettraient d’accord de se voir plus tard dans des meilleures conditions.

Le directeur du protocole français a essayé en privé de persuader le président Sarkozy à rencontrer Kadhafi à l’heure précisée. Une fois convaincu, le directeur du protocole français s’est rendu à Bashir Saleh, lui demandant une heure en plus pour préparer Sarkozy. Saleh lui répondit qu’il faudrait quitter l’hôtel en 30 minutes pour pouvoir arriver en une demi-heure à Bab Al-Aziziya, où se déroulait la cérémonie de réception.

Le motif présenté par Bashir Saleh a tracassé Sarkozy. En essayant de le convaincre, le directeur du protocole français a dit: «En accompagnant Chirac ici il y a un an, la visite a été très fructueuse. Alors n’oubliez pas que les médias français et internationaux, les dirigeants de l’Union européenne et du monde regardent avec intérêt les résultats de votre rencontre avec Kadhafi». Sarkozy se préparait pour sa réunion officielle.

A son arrivée, Kadhafi l’a reçu et l’a assis sur la même chaise dans la même tente où Sarkozy a reçu le premier lot de fonds libyens pour financer sa campagne présidentielle. Les deux leaders sont ensuite entrés en pourparlers qui a abouti à la conclusion des accords de coopération y compris l’achat d’avions Rafale. Après ce rendez-vous, Sarkozy est retourné à sa résidence très soulagé. Puis, il est reparti en France le vendredi matin après la cérémonie officielle d’adieu. Mais des sources proches de lui disaient que son jet privé n’était pas prêt, et que personne n’est venu lui dire adieu. Au contraire, il s’est retrouvé dans la salle d’honneur en attendant l’avion qui a décollé environ un quart d’heure plus tard.

Tout ce qu‘on vient de raconter avaient plusieurs motifs, parmi lesquels, on cite la peine de quatre ans de prison qui a été requis contre l’ancien président français Nicolas Sarkozy pour corruption et trafic d’influence, ainsi que pour l’avocat de Sarkozy, «Thierry Herzog», pour avoir envisagé d’apporter un « coup de pouce » au juge de la Cour suprême française, «Gilbert Aziber», pour l’aider à obtenir un poste dans la Principauté de Monaco qu’il convoitait, mais qu’il n’a jamais obtenu en échange de fournir des informations d’enquête sur le fait que Sarkozy a reçu illégalement de l’argent de l’héritière milliardaire du  groupe  L’Oréal, Liliane Bettencourt lors de sa campagne présidentielle en 2007. Le parquet a demandé l’emprisonnement à la fois de l’avocat de Sarkozy et du juge impliqué dans l’affaire.

L’ancien ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux a été de même mis en examen pour «financement illégal de campagne électorale» et «association de malfaiteurs» par les juges chargés de l’enquête sur un possible financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. Nicolas Sarkozy, déjà poursuivi notamment pour «corruption», a ainsi été mis en examen pour «avoir laissé» en conscience Claude Guéant, Brice Hortefeux, et Thierry Gobert, son collaborateur s’impliquer dans un pacte corruptif présumé avec le régime de Mouammar Kadhafi à partir de 2005.

Drôlement, la prison a été réclamée contre Sarkozy pour corruption, abus d’influence et financement illégal de sa campagne électorale, des crimes sans aucun doute punissables par la loi. Pourtant, la France a fallu condamner Sarkozy et de le juger pour la véritable et grande accusation qu’il a commise avec le président turc Recep Tayyip Erdogan et le gouvernement de l’ancien émir du Qatar Hamad bin Khalifa et d’autres pour avoir détruit la Libye, miné l’État libyen, déplacé son peuple, pillé ses richesses et ses capacités, et infiltré plus tard leurs  milices terroristes extrémistes en Libye, qui ont amené la France et d’autres en enfer, un enfer crée par Sarkozy  et d’autres « Sarkoziens » arabes et étrangers.

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